Les fruits
Penchons-nous enfin sur les conséquences potentielles d'un effondrement de la France. Elles seraient probablement similaires à celles observables dans d'autres contextes : maladies, famines, guerres... Mais rien n'est joué, l'adaptabilité des humains s'avère toujours incroyable lorsque le destin se met en travers de leur route !
Pénuries
On entend souvent dire que Paris n'est qu'à trois jours de la famine. L'Île de France qui héberge près de 19% de la population de France métropolitaine n'est absolument pas autonome en nourriture, du fait de la densité de population importante, mais c'est aussi le cas d'autres grands centres urbains. La France métropolitaine importe près de 18% des fruits et légumes frais qu'elle consomme mais elle a le potentiel d'être autonome si on met de côté les aliments exotiques comme la banane. En revanche pour d'autres produits, comme les pâtes alimentaires dont 64% sont importées, l'autonomie est un peu plus compliquée car on produit principalement du blé tendre en France, alors que les pâtes sont faite avec du blé dur, il faudrait donc attendre un an pour changer de culture. On mangerait plus de pain en attendant !
Ce qui est plus épineux, c'est qu'à l'échelle du pays, une crise entraînant la fermeture des frontières met le système agroalimentaire sous pression car on fait beaucoup appel à des saisonniers venus d'ailleurs, comme des Chiliens pour les asperges dans les Landes au travers d'une entreprise espagnole, ou des Roumains pour les vendanges ou la récolte des fraises. On a pu voir cette année que recruter au pied lever des ouvriers agricoles dans la population française n'est pas une mince affaire.
La France ne pourrait être comparée au Venezuela et ce pour différentes raisons, mais ce pays-là vit un effondrement et la question de la nourriture y est devenue problématique en cette période de pandémie. Pour prendre un exemple plus ancien, on peut regarder l'effondrement de l'URSS mais c'était une économie planifiée donc un contexte un peu différent du nôtre.
Insécurité
L'insécurité que l'on connaît aujourd'hui serait d'autant plus aiguë dans un pays effondré. Les bandes criminelles feront probablement main basse sur les ressources et en feront un trafic, ce qui générera des conflits entre différentes factions. La misère poussera aussi bon nombres d'individus à s'affranchir des lois pour nourrir leur famille. On pourrait voir un niveau de criminalité similaire à celui du Venezuela ou de l'Afrique du Sud.
Que deviendraient les forces de l'ordre et les forces armées ? On peut s'attendre à une tiers-mondisation de ces institutions : corruption, racket, trafics etc. Certains diront que c'est déjà le cas aujourd'hui, cela ne sera que pire. Appeler le 17 ne sera pas forcément une possibilité...
Si
la situation dégénère en guerre civile, vous serez probablement dans un
des camps qui s'affrontent, quelles que soient les motivations du
conflit (ethnique, politique). Des millions de gens fuient chaque année
les zones de conflits, et peut-être que la meilleure chose à faire pour
sauver sa peau dans ces conditions est de faire de même.
Coupures d'eau et d’électricité
Notre dépendance à l'électricité est énorme, et beaucoup de systèmes électroniques ne supporteraient pas le courant induit par une tempête solaire ou une explosion nucléaire de haute altitude. Si une coupure s'étendait à l'échelle d'un pays ou d'un continent, ce serait rapidement invivable pour les personnes non préparées. Toute la chaîne du froid serait perturbée, entraînant un grande perte de nourriture. Si le blackout arrive en hiver, beaucoup de foyers se chauffant à l'électricité seront en détresse.
A l'époque de Louis XVI, le Français moyen consommait environ dix fois moins d'eau que maintenant. Ce bas niveau de consommation est encore observable dans certains pays où l'eau est rare. Si l'eau est coupée dans nos grands centres urbains, les gens devront se rabattre sur des sources d'eau non potable comme les cours d'eau, ou attendre des livraisons d'eau d'urgence.
Insalubrité
En cas de rupture du réseau d'eau, les individus vont devoir trouver des solutions alternatives d'approvisionnement et cela peut amener une épidémie de choléra comme on a vu en Haïti suite au séisme de 2010. On pourrait se dire que nous sommes dans un pays développé et que cela n'arrivera pas, mais justement les gens se sont urbanisés et obtiennent tout d'un appui de bouton. Ils n'ont plus l'habitude de faire attention aux agents pathogènes qui se trouvent dans l'eau qui ne sort pas d'un robinet.
Le système de santé, bien que technologiquement avancé, serait probablement saturé en cas d'épidémie, car c'est le cas tous les hivers avec la grippe. Connaître personnellement un médecin s'avérera fort utile dans ces conditions.
Déplacements de population
En 2019, le Haut Commissariat aux Régugiés de l'ONU a dénombré près de 80 millions de personnes déracinées dans le monde, dont 45,7 millions de déplacés internes et 3,6 millions de Vénézuélien(ne)s ayant fui le cratère fumant qu'est devenue l'économie de leur pays. Dans le cas d'un effondrement de la France, on peut s'attendre à un exode urbain comme cela s'est déroulé en Grèce, en partie pour travailler dans l'agriculture mais aussi afin de retrouver le cocon familial pour des raisons économiques. Il y a aujourd'hui aux USA un exode urbain des classes aisées qui sentent venir la bise. Près d'un tiers des habitants de la commune de Paris auraient des racines en province, sans compter les étrangers. On peut s'attendre à ce qu'ils regagnent leurs "campagnes" si la situation devient intenable.
Un accident nucléaire pourrait aussi déplacer de la population mais d'une manière assez différente puisque les individus quitteraient la proximité de la centrale accidentée et les zones les plus exposées aux radiations : dans l'exemple de Tchernobyl, des zones situées à 250km de la centrale ont reçu une dose très élevée de particules radioactives.
Envisagez à l'avance les différents points de chute potentiels que vous pourriez rejoindre si votre lieu de vie devient compromis pour une quelconque raison, ainsi que les moyens de vous y rendre. Ayez toujours un œil sur les actualités pour éviter de vous faire prendre de court.
Conclusion
Après avoir peint ce sombre tableau, on ne peut être certain que d'une chose : il vaut mieux ne pas vivre un effondrement de pays, tant pour sa santé physique que mentale, mais aussi pour une simple question de survie.
Les chemins vers un éventuel effondrement de la France sont multiples et ne sauraient se résumer à une détérioration de la fracture "islam/le-reste-du-monde".
Pour éviter d'être une victime potentielle dans ce scénario noir, il nous faut anticiper et se préparer tant matériellement que moralement. La somme de nos résiliences individuelles repoussera d'autant la perspective du chaos.
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